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Mali : l'État saisit par hélicoptère une tonne d'or sur une mine contrôlée par Barrick Gold [Image d'illustration]
Dans une opération non annoncée, un hélicoptère de l'armée malienne a évacué une tonne d'or depuis la mine de Loulo-Gounkoto, contrôlée par Barrick Gold. Cette saisie s'inscrit dans un contexte de tensions entre le gouvernement et la société canadienne, sur fond de reprise en main des ressources naturelles par l'État malien.
Le jeudi 10 juillet, un hélicoptère militaire malien a atterri sur le site aurifère de Loulo-Gounkoto, dans l'ouest du Mali, avant de repartir environ cinq heures plus tard avec une tonne d'or à son bord. Cette information, confirmée par plusieurs sources citées par Reuters, marque une nouvelle étape dans le conflit opposant l'État malien au géant minier canadien Barrick Gold.
L'intervention s'est déroulée dans le calme. D'après Reuters, l'hélicoptère a atterri sur une piste isolée du complexe minier, les passagers ont été escortés jusqu'à la salle de stockage du minerai, avant de repartir avec l'intégralité du stock encore présent sur le site depuis janvier. À cette date, trois tonnes d'or avaient déjà été saisies par décision judiciaire et transférées vers une banque. Cette opération aurait été ordonnée par un administrateur judiciaire désigné par un tribunal de Bamako. Il s'agit de Soumana Makadji, ancien ministre de la Santé, désormais chargé de relancer l'activité du complexe minier, autrefois le plus important du pays.
La relance sous administration malienne
Le gouvernement malien a placé le site sous administration provisoire en juin, dans le but de reprendre la production malgré le départ de Barrick. Le plan actuel repose sur la vente de l'or saisi pour financer la reprise des opérations. D'après Bloomberg, la tonne d'or emportée jeudi est estimée à environ 117,2 millions de dollars, sur la base des cours de l'or avoisinant 3 324 $ l'once.
Même si les activités d'extraction n'ont pas encore redémarré, l'usine de traitement du minerai du site est de nouveau en fonctionnement depuis le 7 juillet. Selon Reuters, la production des premiers nouveaux lingots est attendue d'ici 11 à 13 jours.
Barrick conteste fermement cette relance imposée par l'État. « Tout plan de relance basé sur la vente de cet or est non seulement illégitime, mais aussi inopportun », a déclaré la société dans un communiqué.
Un conflit emblématique d'un tournant régional
Les tensions entre Barrick et le gouvernement malien remontent à 2023, avec l'instauration d'un nouveau code minier. Celui-ci impose davantage de taxes et renforce la part de l'État dans les projets extractifs. Alors que d'autres entreprises minières, comme B2Gold ou Allied Gold, ont accepté les nouvelles conditions, Barrick a préféré suspendre ses opérations, après des blocages d'exportations, des arrestations de cadres et la saisie de plusieurs tonnes d'or.
Le groupe canadien a engagé une procédure d'arbitrage international devant la Banque mondiale. Bloomberg indique qu'une première audience est prévue d'ici la fin du mois de juillet. « Nous ne nous contentons pas d'espérer un règlement favorable. Nous agissons dans le cadre des mécanismes juridiques reconnus par nos accords avec le Mali », a déclaré Mark Bristow, PDG de Barrick, le 10 juillet.
La situation au Mali reflète un mouvement plus large dans la région du Sahel, où les autorités souhaitent un contrôle renforcé sur les ressources naturelles, rompant avec la domination économique étrangère.